Les Mille et Une Nuits est un recueil d'origine persane qui contient un ensemble complexe de contes imbriqués les uns dans les autres et de personnages en miroir les uns par rapport aux autres, ce qui donne plusieurs niveaux de lecture possible.
À l'origine, aux VIIIe et IXe siècles, c'était un livre persan intitulé Hezar Afsane ou Mille Légendes puis il fut traduit en arabe et a pris le titre de Les Mille et Une Nuits (Elf leïla wa leïla ). L'ouvrage perse, qui relevait du genre « miroir des princes », contenait vraisemblablement des récits exemplaires qui était destiné à l'éducation des gouvernants. Il n'appartenait pas à une littérature populaire ou au folklore, mais avait le même statut que le recueil de fables animalières Kalila et Dimna (par exemple). Seulement, à côté d'un récit-cadre qui est resté stable (l'histoire de Shéhérazade, qui encadre toutes les autres), le reste des contes a considérablement changé - comme le titre persan d'ailleurs - et une nouvelle matière y a été introduite. Ces contes ont été ensuite diffusés en Europe.
Selon Abdelfattah Kilito, cette compilation de récits anonymes ne remplit aucun des critères classiques de la littérature arabe : un style noble, un auteur précis et une forme fixe (et pour cause, car en Occident l'on confond toujours la Perse et les cultures arabes du fait de l'écriture) ; de plus, elle met en avant de nombreux particularismes et dialectes locaux, bien éloignés de l'horizon des lettres, ce qui laisse à penser que si Galland n'avait pas transmis cette mémoire, elle se serait irrémédiablement perdue dans la nuit des œuvres culturelles disparues.
Ayant connu la traduction remaniée et amoindrie des éléments érotiques, le docteur Joseph-Charles Mardrus, ami d'André Gide, publia une nouvelle traduction des Mille et Une Nuits. Marcel Proust, par exemple, évoque sa mère qui n'ose le priver de la traduction de Mardrus tout en lui conseillant de s'en tenir à celle de Galland
Les Mille et Une Nuits sont un ensemble complexe de contes imbriqués les uns dans les autres, et de personnages en miroir les uns par rapport aux autres, ce qui donne plusieurs niveaux de lecture possible.
Le sultan Shâriyâr, déçu par l'infidélité de son épouse, la fait mettre à mort, et afin d'éviter d'être à nouveau bafoué, il décide d'assassiner chaque matin la femme qu'il aura épousée la veille. Shéhérazade, la fille du grand vizir, se porte alors volontaire pour épouser le sultan et, par le fait même, faire cesser le massacre : habile conteuse, chaque nuit, elle raconte au sultan un fragment d'histoire dont la suite est reportée au lendemain. Le calife dont la curiosité est excitée ne peut se résoudre à tuer la jeune femme ; il reporte l'exécution de jour en jour afin de connaitre la suite du récit commencé la veille. Peu à peu, Shéhérazade gagne la confiance de son mari.
Au XXIe siècle, les Mille et Une Nuits sont constituées d'un noyau fixe, une trentaine d'histoires (le récit-cadre ou l'histoire de Shahrazâd, Le Marchand et le génie, Le Pêcheur et le génie, Les Dames de Bagdad, Les Trois Pommes, Le Bossu et les histoires qui y sont incluses) et d'un ensemble de récits extrêmement variés qui relèvent aussi bien de la littérature savante que d'une littérature plus « populaire ». On y rencontre par exemple des jinns, des éfrits et des goules. Mais s'il fallait caractériser les Mille et Une Nuits, il faudrait les associer aux centaines d'autres recueils de contes du même genre qui étaient en circulation dans le domaine arabe (les Mille et Une Nuits ne sont pas un livre isolé).
Voici une liste de quelques contes des Mille et Une Nuits parmi les plus connus (certains ne sont pas issus des plus anciens manuscrits connus, mais ont été ajoutés par la suite. C'est le cas des 7 voyages de Sindbad le marin, d'Ali Baba, d'Aladin et la lampe merveilleuse.) :
À la fin du livre, le sultan s'aperçoit que pendant les presque trois ans écoulés, Schéhérazade lui a aussi fait trois beaux enfants, et renonce pour cette raison à la faire exécuter.
Lorsque parurent les premières traductions d'Antoine Galland, l'audience du livre fut immédiate en Europe, et devint rapidement l'objet d'étude et un succès de la littérature de colportage. Les écrivains du XIXe siècle, enfiévrés d'Orient, en firent leur livre de chevet. Janin, enthousiasmé, disait que sa lecture relevait presque d'un « acte patriotique ». Plus tard, le livre devint l'un des premiers titres à succès des collections Hachette et de la bibliothèque de gare.
Pour célébrer les 120 ans de la première traduction en anglais de The Arabian nights, l'éditeur anglais Penguin publie le 27 novembre 2008 un coffret luxueux de 3 tomes.
De nombreux illustrateurs se sont appropriés Les Mille et une nuits, comme les Français Gustave Doré, Roger Blachon, Françoise Boudignon, André Dahan, Amato Soro, Albert Robida, Alcide Théophile Robaudi et Marcelino Truong, l'Anglais William Blake, l'Italien Emanuele Luzzati, l'Allemand Morgan, le Belge Carl Norac et le Turc Emre Orhun.
Dans les versions éditées dans les pays arabes, à Shéhérazade se trouve adjoint un narrateur masculin, pour rétablir l'équilibre des sexes et amoindrir l'atteinte à l'autorité du sultan, si habilement contournée par la malignité de la jeune femme.
Cette particularité se retrouve, de même, dans la série de dessins animés Shéhérazade (52 épisodes de 26 minutes), réalisée par Philipe Mest, où la jeune femme forme une équipe avec un être surnaturel, l'éfrit Till, et un jeune prince persan, Nour, dont elle est amoureuse.
Voici quelques illustrations des Mille et Une Nuits effectuées par le peintre persan Sani ol-Molk (1849-1856).
Commentaires
1. johnnydu51 le 15-11-2008 à 07:14:01 (site)
je passe chez toi pour te souhaiter un bon week-end
2. calie le 15-11-2008 à 13:19:37 (site)
Ouah ! c'est beau !!
3. jessyilan le 17-11-2008 à 08:39:22 (site)